Qui fera le bonheur des « exclus » du sexe ?
80 % des hommes ne susciteraient pas ou peu lâintĂ©rĂȘt des femmes⊠Pour la chroniqueuse de « La Matinale » MaĂŻa Mazaurette, ce constat terrible questionne la sociĂ©tĂ© tout entiĂšre.

Selon la biologiste allemande Meike Stoverock, 80 % des femmes sont sexuellement attirĂ©es par 20 % des hommes. Vous Ă©tiez en train de passer un dimanche empli de joie et de sĂ©rĂ©nitĂ© ? Toutes mes condolĂ©ances. Car depuis la parution de son essai Female Choice aux Ă©ditions Tropen (fĂ©vrier 2021, 352 pages, en allemand seulement), la chercheuse fait feu de tout bois : elle dĂ©fend sa thĂšse dans les pages de la presse dâoutre-Rhin (Die Zeit, Der Tagesspiegel, Der Standard, la radio Deutschlandfunk Kultur), rĂ©pond aux questions des lecteurs sur son site, et commence Ă faire parler dâelle en anglais (For Better Science).
80 % dâhommes indĂ©sirables, donc. Un chiffre tout proche de celui avancĂ© par le professeur Mark Regnerus, en 2017, dans son livre Cheap Sex (Oxford University Press) : 20 % des hommes de 25 Ă 50 ans suscitent lâintĂ©rĂȘt de 70 % des femmes. On enfonce le clou ? Allez ! En 2009, le site de rencontres OkCupid rĂ©vĂ©lait que les femmes jugent 80 % des hommes « pas attirants » (une Ă©tude si polĂ©mique quâelle a dĂ» ĂȘtre supprimĂ©e dâInternet, mais le site TechCrunch en a gardĂ© la trace). Pour celles et ceux qui poseront la question : en lâĂ©tat actuel de nos connaissances, vous ne pouvez pas retourner lâĂ©quation. Les hommes sont moins sĂ©lectifs que les femmes (mais ce nâest pas lâobjet de cette chronique).
Vous venez dâentendre un bruit sourd ? Câest normal, ce sont les fondements de notre mythologie amoureuse qui viennent de sâĂ©craser en bas de votre immeuble. Tout comme nos mantras prĂ©fĂ©rĂ©s : « chaque personne possĂšde une Ăąme sĆur quelque part », « la nature est bien faite », « chacun finit toujours par trouver chaussure Ă son pied ».
Disponibilité des hommes, sélectivité des femmes
Revenons Ă Meike Stoverock, puisque câest elle qui fait lâactualitĂ©. Selon ses travaux, le fonctionnement standard de lâespĂšce humaine (et de la plupart des espĂšces animales) oppose la disponibilitĂ© des hommes et la sĂ©lectivitĂ© des femmes (ils proposent, elles disposent). Les partenariats se forment pour trois ou quatre ans, le temps dâassurer la gestation et les premiĂšres galipettes dâun enfant. Cette durĂ©e est encore observable aujourdâhui : câest celle du dĂ©sir des femmes pour leur partenaire. Leur libido se porte ensuite ailleurs. Si le cadre monogame les empĂȘche de passer Ă lâacte, alors leur libido se met en sommeil â mĂȘme si, bien sĂ»r, dâautres raisons peuvent susciter la dĂ©crue de leur dĂ©sir. (Cette situation vous semble-t-elle terriblement familiĂšre ?)
